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ACCORD USA-U.E sur les DROITS de DOUANE ou . . . la loi du plus fort |
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Echos d'Europe 250730
Voici les éléments
connus de cet accord qui fait la une de la presse européenne depuis ce
week-end : un droit de douane uniforme de 15 % sur la plupart des produits européens importés aux États-Unis, y compris sur l’automobile qui était taxée à 25%. Certains secteurs seront épargnés comme l’aéronautique, certains produits chimiques ou agricoles, des matières premières stratégiques. Pour l’acier et l’aluminium, les droits de douane sont maintenus à 50 % mais des contingents d’importation seront négociés à des taux réduits. Il reste toutefois quelques incertitudes concernant certains secteurs, comme la pharmacie et les semi-conducteurs ;
750 milliards de dollars d’énergie américaine sur 3 ans (essentiellement du Gaz Naturel Liquéfié GNL, mais aussi du pétrole et des combustibles nucléaires). La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen précise que ces achats permettront de réduire la dépendance aux importations en provenance de Russie (mais ils nous rendront totalement dépendants des États-Unis) ; 50 600 milliards de dollars d’investissements européens aux
États-Unis, en
complément des investissements déjà existants. Ces données auraient été
établies à partir d’informations sur les projets d’investissement des sociétés
privées. Il faut cependant noter que l’UE n’est pas en mesure de garantir cet
engagement d’investissements, qui incombe au secteur privé européen. D’autre
part, il donne priorité au renforcement de l’économie américaine et affaiblit
considérablement la politique européenne d’autonomie stratégique ;
Achats d’équipements militaires américains et de processeurs graphiques, ce
qui est contraire aux objectifs de développement de la production européenne en
matière de défense. Côté européen, les droits de douane sur les produits américains resteront inchangés, avec une moyenne de l’ordre de 3 %, des secteurs à taux zéro et d’autres avec des tarifs plus élevés (notamment dans le secteur agricole). Il s’agit donc d’un accord très asymétrique qu’aucun négociateur commercial européen n’aurait accepté avant l’ère Trump. Est-ce le constat de l’impuissance européenne à résister à l’ogre américain ? Les promesses d’achat d’énergie, de matériel militaire et d’investissements seront difficiles à respecter. Ce n’est d’ailleurs pas à la Commission européenne qu’incombera la tâche d’honorer ces engagements, et l’on peut craindre un contrôle américain sur leur respect, avec des mesures de rétorsion complémentaires en cas de défaillance . . . La
presse européenne a vivement critiqué cet accord asymétrique. Cependant,
l’accord devrait très probablement être adopté à la majorité qualifiée au
Conseil de l’UE (au moins 55% des États membres représentant au moins 65% de la
population totale de l’UE). La position européenne a été pragmatique, et l’impact global sur l’économie européenne devrait rester limité à 0,3% du PIB, avec cependant des secteurs qui seront fortement déstabilisés. Elle ne se limite pas aux seuls aspects des droits de douane. Maroš Šefčovič, commissaire européen en charge du commerce, a déclaré que cet accord est aussi « à propos de l’Ukraine », expliquant ainsi qu’il visait à garantir le maintien de l’aide américaine à ce pays. L’impact politique est toutefois plus important, et ce résultat risque d’affaiblir l’Europe dans le futur. Enfin bien que l’Europe soit la grande perdante de cette négociation, aucun État membre n’aurait pu obtenir un meilleur résultat. Donald Trump, hostile à toute résistance des pays refusant ses conditions tarifaires, vient d’ailleurs d’annoncer des droits de douane de 25 % sur les produits de l’Inde avec qui les négociations piétinent et aussi parce que l’Inde achète le gaz et le pétrole russe.
Lu dans la presse : « Ursula
von der Leyen a obtenu l’accord le moins mauvais possible » Jean-Luc
Demarty, ancien directeur général de la Direction Générale du commerce de la
Commission européenne
« L’Europe ne se vit pas encore suffisamment
comme une puissance … Pour être libre, il faut être craints … Ce n’est pas la
fin de l’histoire, et nous n’en resterons pas là. C’est une première étape dans
un processus de négociation qui va se poursuivre . . . L’accord a le mérite d’offrir
de la visibilité à court terme. Il préserve les intérêts français et
européens »
Emmanuel
Macron
« C’est un jour sombre que celui où une alliance de
peuples libres, rassemblés pour affirmer leurs valeurs et défendre leurs
intérêts, se résout à la soumission »
François Bayrou
« Jamais,
entre alliés occidentaux, on n’avait osé imposer de telles conditions à
l’Europe. » « Il ne s’agit donc pas d’un accord commercial, mais
bel et bien d’un abandon. » Dominique
de Villepin
« Sur ce plan, l’humiliation de l’Europe est
inévitable. Notre manque de souveraineté, notamment dans le domaine militaire,
mais aussi dans de nombreux autres domaines, se répercute sur ces accords
commerciaux et sur tout le reste. »
Giuliano da Empoli (entretiens dans le Grand Continent)
« Je
ne suis pas satisfait de ce résultat, dans le sens où je ne pense pas que ce
soit une bonne chose, mais (...) il était évident, compte tenu de la situation
initiale avec les États-Unis, qu'il n'était pas possible d'obtenir
davantage. »
Friedrich Merz « Dans un accord, il
y a deux parties : l'un et l'autre gagnent quelque chose. Or, aux yeux de
l'opinion publique, tout le monde a compris ce que gagnaient les États-Unis.
Mais personne n'a compris ce que l'Europe gagnait, parce que l'Europe perd
tout. C'est une décision unilatérale des États-Unis. »
Thierry
Breton
Pour approfondir :
L’Union Européenne dans le piège américain – Le blog de Philippe Waechter Droits de douane : l’Union européenne et les Etats-Unis parviennent à un accord ( toute l’Europe ) L’Union européenne cède à Trump : analyse à chaud du traité inégal qui impose 15% de droits de douane à l’économie européenne. ( Le Grand Continent ) Géographie de de l’accord Union-Trump : qui l’a soutenu en coulisses ? qui le soutient explicitement ? ( Le Grand Continent ) L’Europe le jour après le Jour de la Dépendance ( Le Grand Continent ) Droits de douane : l’impossible promesse de l’Europe sur l’énergie ( « Pour atteindre le montant annoncé, il faudrait donc que la part des Etats-Unis passe de plus de 20 % aujourd'hui à 67 % des importations européennes - avec des prix stables par rapport à l'an passé. » ) Les Echos EU-US trade deal : The biggest losers and (a few) winners ( Politico ) Bonne lecture |
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Les institutions européennes ont pris leur quartier
d’été. Caty et
moi reviendrons le 6 septembre avec les nouvelles aventures européennes. Toute
l’équipe du MET vous souhaite un merveilleux mois d’août. Nous nous retrouverons à la conférence « les relations diplomatiques de l’UE avec le Saint-Siège » le 25 août.
Claude.
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